CAP A L’EST.
Le Tour des Livres.
Tout commence par une naissance dans le roman de Gilles Laporte « Une Fleur au cœur d’or », publié aux Presses de la Cité. Celle de P’tit Louis, à Nancy, en 1871, avec les phrases philosophiques et emplies de bon sens de l’accoucheuse qui fait aussi la toilette des morts, au moment même où son père est porté disparu à la guerre. Avec Flavie, sa mère, femme de ménage au Grand Hôtel, ils prendront l’habitude de chaparder des fleurs pour les déposer au cimetière, sur une tombe inconnue. De là lui vient sa passion des fleurs et son plaisir de les dessiner. De cette manie, il va faire son métier, en devenant horticulteur à Nancy, capitale de l’horticulture, sous la houlette de Victor Lemoine. Préfacé par Alain Baraton, qui le qualifie joliment de « symphonie », un roman au style à la fois populaire et poétique, sur le destin d’un homme modeste et sensible, qui s épanouit à la nature et à la vie.
C’est aussi près de Nancy qu’Elise Fischer situe l’action de son roman « Les Silences de Jeannette » paru chez Calmann-Lévy. Jean, dit P’tit Roro a douze ans en 1933, à la mort de son père. Il est élevé très modestement par une mère lavandière, une femme alcoolique, au caractère dur, et souffre de cette situation, malgré la protection dont l’entoure Agathe, sa sœur ainée. Jean rencontre Jeannette, dont le père travaille avec lui aux chemins de fer, dans l’euphorie de la Libération, et l’épouse. La jeune femme, idéaliste et cultivée, se voit contrainte de cohabiter avec sa belle-mère et se soumet aux mœurs de sa nouvelle famille. Frustrée, elle va tourner sa propre violence contre sa fille, née de cette union insatisfaisante. Un roman choral qui s’étend sur trois générations, entre Lorraine ouvrière et Alsace rurale.
C’est à Troyes, en Champagne, que Lyliane Mosca a placé l’intrigue de son nouveau roman « Mystérieuse Juliette », publié aux Presses de la Cité. Le roman débute par une série de portraits de personnages chez qui Juliette, la narratrice, va faire les ménages. Cette femme secrète et silencieuse, n’a pas le profil de ce métier. Cultivée, diplômée, elle vit seule en bordure de la forêt d’Orient. Tous ignorent qu’elle a eu un métier rémunérateur, un bel appartement, une vie mondaine. S’oublier et se faire oublier lui permet d’expier une faute. Un jour, elle rencontre le ténébreux Hugo, un homme des bois au cœur brisé ; une complicité va naitre entre eux.
Capitaine de police à Lyon, Marie a tout perdu dans un accident survenu lors d’une opération. Brisée, elle bâcle ses enquêtes et ses supérieurs songent à la révoquer. Une dernière chance s’offre à elle lorsqu’on trouve le corps tronqué d’une femme dans une valise. Ainsi débute « La Vérité qu’elle mérite », de Sophie Muffat-Méridol, publié chez Calmann-Lévy. Elle se voit chargée de protéger deux témoins : un chien-loup qui aurait appartenu à l’assassin, et un gamin de la cité du Tonkin, à Villeurbanne. Une intrigue qui va la conduire des cités déshéritées de la banlieue lyonnaises, jusqu’aux beaux quartiers de la ville.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 13 octobre 2023. Article suivant
Conférence à Terrasson, le 14 novembre 2023.