L’Annonce faite à Goering.
Le Tour des Livres.
Jean-Pierre Cabanes nous propose, chez Albin Michel, « L’Annonce faite à Goering ». Derrière ce titre étrange se cache une fresque historique sur fond de seconde guerre mondiale. Entre Paris, Berlin et Londres, un couple tente de vivre son amour et son engagement antinazi. Fille d’un marchand d’art juif, Claire est une spécialiste des faux en peinture, tout comme son amant, Werner, qui commande un sous-marin allemand. La guerre les a surpris et tout deux sont recrutés par Goering pour remplir ses collections de tableaux qu’il vole dans toute l’Europe. Claire croise la route de Rose Valland, une résistante qui récapitule des vols de l’ogre nazi pour pouvoir restituer les œuvres après le conflit. Hildi, la sœur de Werner, veuve d’un aviateur, est attirée par le comte Ciano, gendre de Mussolini. La Gestapo décide de l’utiliser, sous la menace. La mort est partout dans ce roman rédigé en courtes séquences très détaillées.
Passionnant premier roman pour Pierre Laville, auteur dramatique, avec « La Guerre les avait jeté là », paru chez Robert Laffont. Paris 1942, jamais les théâtres n’ont été aussi pleins, et la Comédie Française est très ‘occupée’. Paul Pezet, un provincial, tente une carrière d’acteur en ces temps troublés. Plusieurs voies s’offrent à lui pour réussir : la Résistance, la Collaboration, faire profil bas…. Dans ce roman, on croise sans cesse des noms prestigieux qui, eux aussi, doivent faire des choix : Sacha Guitry, bien avec tous le monde, le couple Cocteau- Jean Marais, Arletty, Céline, Sartre, Camus. Tous ont des pièces à faire monter, pour le meilleur et pour le pire. L’actrice Marie Bell, la plus grande comédienne de son temps, règne sur tous le monde. Un roman qui évoque « Le Dernier Métro » de François Truffaut.
Chez Gallimard, dans la collection Tel, Michel Borwicz a rassemblé des « Ecrits des condamnés à mort sous l’occupation nazie ». Ces textes, issus des camps de la mort, proposent des souvenirs émouvants, mais aussi des témoignages irremplaçables. Poèmes, journaux intimes, manuscrits enterrés par les Sonderkommandos, inscriptions sur les murs des prisons. Lui-même rescapé des camps de la mort, Michel Borwicz propose une révélation mais aussi une approche sociologique.
Chez Folio, Christian Delage nous propose un essai inédit « Filmer, juger. De la seconde guerre mondiale à l’invasion de l’Ukraine ». Depuis les procès e Nuremberg, en 1945, la caméra, le témoignage filmé, jouent un rôle premier dans la construction de l’opinion publique, et dans les décisions de justice qui en découlent. L’image peut-elle abuser notre jugement ?
Jean-Luc Aubarbier.
Dédicace à Brive le 16 septembre 2023. Article suivant
Salon du polar d’Escoire (Dordogne) 23 et 24 septembre 2023.