Quelques voyages à l’étranger.
Le Tour des Livres.
En résidence à Saint-Léon-sur-Vézère, à l’invitation des Plumes de Léon, l’écrivain allemand Henning Ahrens a commencé à y rédiger son roman « Les Péchés de nos pères », aujourd’hui traduit en français chez Gallmeister. Il est venu le présenter à la médiathèque de Sarlat. Lui que les critiques plaçaient dans la catégorie ‘réalisme magique’ use d’un style hyperréaliste et neutre pour nous raconter sa famille sur sept générations, de la fin du XVIII° siècle jusqu’en 1962. Avec de nombreux aller-et-retours dans le passé, le débat se cristallise entre Wilhelm Leeb senior, un fermier qui a embrassé le nazisme et s’est engagé dans l’armée pour combattre, et son fils, Wilhelm junior, qui refuse cette idéologie. On découvre progressivement comment l’armée, à travers l’histoire allemande, a été sacralisée, le rôle que joue la religion protestante rigoriste, le caractère de Wilhelm senior, véritable tyran domestique. Une approche différente de ce que les Français peuvent lire habituellement sur le sujet.
Chez Plon, la journaliste Stéphanie Perez s’inspire d’une histoire vraie pour nous raconter l’Iran de la Révolution islamique, avec « Le Gardien de Téhéran ». Sans aucune compétence, Cyrus est embauché comme chauffeur pour conduire des œuvres d’art jusqu’au musée de Téhéran que le Shah veut un modèle pour le monde. Des Renoir, Bacon, Picasso, Monet, Gauguin s’entassent dans le bâtiment. Quand l’ayatollah Khomeiny arrive au pouvoir en 1979, il juge les peintures modernes occidentales offensantes et anti-islamiques. Cyrus va tout faire pour éviter la destruction des chefs d’œuvre. Un va-et-vient entre la splendeur de l’empire iranien, avec sa brutalité et sa modernité, et la barbarie postrévolutionnaire.
Allemande originaire du Maghreb, Yasmina Kramer nous plonge dans la vie quotidienne des femmes combattantes kurdes dans la Syrie tenue par Daech, avec « La Louve de Dêrsim », publié chez Belfond. Elles n’ont pas voulu ça, mais elles doivent combattre pour sauver leur culture, leur langue, leur liberté. Elles sont musulmanes mais en rien intégristes. Assîa, surnommée la Louve de Dêrsim, est l’une d’elles. L’auteure met en exergue ces femmes prises dans un univers habituellement masculin, et qui se battent avec un courage et parfois, une férocité, qui n’a rien à envier aux hommes, mais qui s’accrochent aussi à leur féminité, à leurs valeurs propres, à leur idéal. Un roman qui n’est pas sans rappeler l’excellent film de la journaliste Caroline Fourest « Sœurs d’armes ».
La femme guerrière est aussi présente dans le roman de Maud Tabachnik « Le Temps de la Colère », publié chez City. En fuyant le fascisme de son Italie natale, Judith pensait avoir trouvé un refuge à Paris. Mais les nazis ont envahi la ville-lumière. Elle rejoint de Gaulle à Londres et devient un vrai soldat. Quand elle apprend que ses parents, juifs, sont en danger de mort, elle n’hésite pas à retourner en France. Un cri de colère dans un monde devenu fou.
Jean-Luc Aubarbier.
Conférence à Anglet : Mithra, « frère ainé de Jésus », le 13 juin 2023. Article suivant
Essor Sarladais du 16 juin 2023.