MENU

by • 21 février 2014 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 21 février 20142487

Essor Sarladais du 21 février 2014

couv la maison atlantique

LA MAISON ATLANTIQUE.

Le Tour des Livres.

 

Le très beau roman de Philippe Besson, publié chez Julliard, « La Maison atlantique », respecte les trois unités de la tragédie classique : le lieu, le temps et l’action. Voilà deux ans que le narrateur âgé de seize ans, a perdu sa mère dans un probable suicide. Le père, avec qui il ne s’est jamais bien entendu, décide de passer avec lui des vacances d’été dans leur villa, sur la côte atlantique. Cette réconciliation tourne vite à l’indifférence, entre un père trop occupé et égoïste, et un adolescent qui se rêve ailleurs et se veux le gardien de la mémoire de sa mère. Même son flirt avec la jeune Agathe ne le tire pas de son mal-être. L’arrivée d’un couple va bouleverser les vacances ennuyeuses. Raphaël est quelconque ; Cécile est radieuse, libre, indocile. Le père, homme à femmes et prédateur dans l’âme, va s’emparer de la jeune femme. Son fils va transformer son hostilité en haine ; de l’ennui va sourdre la violence. Le drame inévitable va monter comme un orage.

« Sur tes yeux » d’Irène Cao, publié chez Jean-Claude Lattès, est un « cinquante nuances de couleurs » à l’italienne. Tandis qu’elle restaure une fresque dans un palais de Venise, Elena croise la route de Léonardo, cuisinier de renom. Leurs deux métiers sont basés sur les sens : la vue, le goût, l’odorat. C’est dans ce registre étymologiquement ‘sensuel’ que le chef va entrainer la jeune femme. Un ensemble de jeux érotiques, au cours desquels les cinq sens sont tour à tour mis à l’épreuve, pimente leur relation et révèle à Elena ses fantasmes les plus profonds. Léonardo a découvert la vraie nature d’Elena : sous son visage d’ange se cache un démon qu’il va libérer. Mais cet amour sans sentiment n’est-il pas aussi un jeu dangereux ?

Aimer est-il dangereux ? C’est aussi la question que pose « Standard », le dernier roman de Nina Bouraoui, publié chez Flammarion. A 35 ans, Bruno mène une petite vie tranquille, sans amour ni relations fortes. Il laisse toujours les autres décider pour lui. Mais au cours d’un week-end à Saint-Malo, il croise la route de Marlène, la volcanique Marlène « plus forte que tous les hommes » et qu’il aimait déjà au lycée. Son rêve d’autrefois se réalise et le plonge irrémédiablement dans la passion. Mais un antihéros, un ‘homme sans qualité’ est-il fait pour aimer ? Désormais, malgré l’amour qui l’habite, ses actes vont essentiellement être mus par la peur.

Publié au Rouergue, « Buvard » est un premier roman réussi signé par la jeune Julia Kerninon. C’est l’histoire d’une rencontre sur fond de littérature. Lou, jeune étudiant, ne pensais jamais que la célèbre romancière Caroline Spacek accepterait de le recevoir. Cette enfant terrible de la littérature anglaise, dont les premières œuvres ont autant choqué le public par la violence de leur univers, qu’elles l’ont séduit par la qualité de leur style, vit désormais en recluse. Issue d’un milieu marginal, elle a appris à combattre, mais aussi à fuir, à se cacher. Lou va apprivoiser cette sauvage. Ensemble, tout au long d’un été torride, ils vont se reconstruire et rétablir le cours des choses, malgré les douleurs et les pièges du passé.

Luc Ferry et Claude Capelier signent chez Robert Laffont « La Plus Belle Histoire de la Philosophie ». Comment a-t-on appris à penser ? Depuis l’Antiquité, quelques hommes se sont posés en défricheurs de la pensée. Platon, Descartes, Kant, Spinoza, Hegel, Nietzsche et quelques autres, ont construit une véritable épopée, une quête de la vérité, afin de donner un sens à la condition humaine. Les auteurs nous livrent la chronologie de cette aventure, car il y a bel et bien un ‘progrès’ en la matière. Mais la philosophie, comme l’art, n’aime pas les lignes droites ; les grandes idées avancent parfois à reculons, mais en apportant toujours un élément nouveau et enrichissant. Les auteurs n’ont pas de mal à nous convaincre que cette recherche multimillénaire et furieusement actuelle.

 

                                                  

                                                               JEAN-LUC AUBARBIER.

Comments are closed.