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by • 18 novembre 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 18 novembre 2022.518

Essor Sarladais du 18 novembre 2022.

DANS LA NATURE BLANCHE ET FROIDE.

Le Tour des Livres.

    Disparu en 2016, le grand Jim Harrison s’est fait le spécialiste du roman de l’extrême nord des Etats-Unis, dans la région des grands lacs où s’affrontent le froid et une nature superbe. Les éditions Flammarion ont eu la riche idée de regrouper en un seul volume, « Chien Brun, l’intégrale », les six novelas consacrées à ce personnage récurrent. Indien métis aux origines douteuses, « né pour ne pas coopérer avec le monde », il erre de larcins en petits boulots, autour du lac Supérieur, sa région natale qu’il ne veut quitter à aucun prix. Dans la première novela (court roman d’une centaine de pages), il tente de vendre le corps d’un chef indien, tout en protégeant un cimetière tribal du trop d’intérêt que lui portent des archéologues blancs. Dans la deuxième, intitulé « L’homme aux deux-cents grammes », il devient malgré lui le porte-parole des indiens. Il observe les traditions d’un œil circonspect, tout en pratiquant une magie primitive et naïve. Un ouvrage indispensable pour pénétrer l’œuvre du barde du Michigan.

Sylvain Tesson aime le froid et la neige. Il va assouvir sa passion en traversant les Alpes à ski, de Menton à Trieste, à travers l’Italie, la Suisse et l’Autriche, sur une randonnée de trois mois. Il nous livre ses impressions dans « Blanc », un récit étonnant publié chez Gallimard. La nature y est belle et inhumaine. Son indifférence à notre égard nous remet à notre vraie place et rabote notre égo. Comment survit-on au milieu des sommets ? Le guide de haute montagne Daniel du Lac associe instinct et pure rationalité pour choisir la route. « Je croyais m’aventurer dans la beauté, je me diluais dans une substance… Pourquoi ai-je tant aimé errer dans la pureté ? » Une expérience physique qui n’interdit pas les plaisirs intellectuels : lire Proust à 2000 mètres d’altitude, ou citer Shakespeare : « Où va le blanc quand la neige a fondu ? »

Dans « Jours de Finlande », publié chez Belfond, le grand romancier hollandais Herman Koch revient sur un épisode de sa vie, à la fois douloureux et initiatique. En 1973, il a 19 ans et sa mère vient de mourir. Il persuade son père de le laisser partir sur une petite ile finlandaise où vivent seulement un fermier et son épouse. La dureté du climat, le travail manuel épuisant, la solitude, vont avoir raison de son chagrin. Ici, on ne parle que le finnois, une langue venu de nulle part. Il se lie d’amitié avec un professeur de lettres et tombe amoureux d’Anna, sa grande initiatrice. 40 ans plus tard, il retournera en Finlande …

Au Cherche-Midi, Edouard Bureau publie « La Grande Vallée ». Au cœur des Alpes, la Grande Vallée abrite une communauté humaine qui vit au rythme des saisons. L’élevage des moutons la fait vivre. Les autres semblent bien lointains, en bas, dans les vallons. Mais l’arrivée d’un étranger, le Grand Batave, nourri d’une autre culture, va bouleverser le fragile équilibre. Arno, le jeune berger, va devoir s’adapter. Une fable initiatique, autour de la liberté et de la nature.

                                                                     Jean-Luc  Aubarbier.

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