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by • 20 janvier 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 21 janvier 2022.752

Essor Sarladais du 21 janvier 2022.

Carré de dames.

Le Tour des Livres.

   Un évènement qui ne devrait pas porter à conséquence va bouleverser la vie d’une famille bourgeoise dans « Un tesson d’éternité », le dernier roman de Valérie Tong-Cuong, paru chez Jean-Claude Lattès. Pharmacienne sur la Côte d’Azur, Anna est une femme qui veut tout contrôler dans sa vie. Dominante, venue ‘d’en bas’, elle règne sur son mari, le faible Hugues, partisan du laisser-faire, et sur leur fils Léo. Lors d’une manifestation, le lycéen frappe un policier et se retrouve en garde-à-vue. Anna veut minimiser les faits, mais le juge place le garçon en détention provisoire. Anna ne contrôle plus rien, leur position se dégrade, leurs riches amis s’éloignent d’eux. La crainte de tout perdre, de replonger dans la pauvreté, fait remonter son passé de souffre-douleur. Elle vit sa nouvelle situation comme si les évènements assiégeaient leur position sociale prête à s’écrouler. Un roman très bien écrit sur le poids du milieu et sur l’amour d’une mère pour son fils, quoi qu’il puisse arriver.

Alma, la narratrice du roman de Karine Tuil, « La Décision », paru chez Gallimard, est juge d’instruction, chargée de l’anti-terrorisme. Son métier n’est pas de condamner, mais de réunir les charges et de comprendre. Accusé d’être parti en Syrie pour rejoindre Daesh, Abdeljalil nie les faits et parle d’un simple voyage humanitaire. La jeune femme vit une situation difficile avec son mari, Ezra, un Juif religieux, qui ne supporte pas que leur fille fasse sa vie avec un Arabe. Ils sont en instance de divorce. Tout se complique quand Emmanuel, l’amant d’Alma, devient l’avocat d’Abdeljalil. Sa vision des choses se brouille, la vérité se déforme sous les pressions, les à-priori et les propres convictions d’Alma, issu d’un milieu très à gauche. Un roman écrit de manière réaliste, sur le dur métier de juge anti-terroriste.

« La Femme et l’oiseau » est un beau roman, construit autour des mystères de la nature, la violence des hommes et le secret d’une vie, que nous propose Isabelle Sorente chez Jean-Claude Lattès. Thomas vit en solitaire dans une maison en bordure de la forêt alsacienne. Le vieil homme doit donner l’abri à Elisabeth, sa nièce, et à sa fille Vina, exclue du lycée pour avoir menacé un camarade. Thomas est un ancien ‘malgré-nous’. Enrôlé de force dans l’armée allemande, il a combattu sur le front de l’Est. Emprisonné en URSS, il n’a dû son salut qu’à la relation magique qu’il a su nouer avec les oiseaux. Mais ne sommes-nous pas tous des ‘malgré-nous’ ? Elisabeth qui oublie tout pour défendre sa fille, et Vina, emportée par une violence qui la dépasse. La force de l’Histoire et celle de la Nature dominent les destins individuels.

C’est un roman empli d’humour, de tendresse et de violence que nous propose Emmanuelle Pirotte avec « Rompre les digues » paru chez Philippe Rey. Dans sa grande maison au bord de la mer du Nord, Renaud, dévoré par le spleen, coule des jours malheureux. Ni ses amis, ni la drogue qu’il consomme ne peuvent le guérir de son dégoût de l’existence. Lorsqu’il recrute Teodora, une jeune Salvadorienne, comme gouvernante, il ne connait rien de son passé douloureux. Entre les deux écorchés, s’installe un climat de méfiance et d’attraction. Un portrait symbolique de l’Occident épuisé qui peut saisir sa chance dans les cultures étrangères.

                                                                                 Jean-Luc  Aubarbier.

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