Mythologie.
Le Tour des Livres.
Pour son roman « Comme des bêtes », publié chez Buchet-Chastel, Violaine Bérot a adapté un mythe et un fait divers. La légende de Jean de l’Ours est connue d’un bout à l’autre des Pyrénées : un enfant nait de la relation d’un ours et d’une femme. Il est doté d’une force colossale et rejeté par les humains. Le fait divers n’est pas moins surprenant : après la Révolution, des chasseurs ariégeois découvrent dans la montagne une femme vivant entièrement nue parmi les ours sauvages. Le roman de Violaine Bérot navigue entre réalité et fantastique. Les gendarmes on arrêté un garçon, extrêmement fort et mentalement attardé, qui vit seul avec sa mère dans une métairie pyrénéenne. Des randonneurs avaient repéré une fillette inconnue qui vivait avec lui, entièrement nue. L’a-t-il enlevée ? Est-il son père ? Est-elle sa sœur ? Le roman polyphonique nous livre douze témoignages sur ces marginaux, globalement appréciés des villageois. Tous prétendent que la fillette vivait dans une grotte habitée par les fées, créatures fantastiques à qui on confiait les enfants abandonnés. Un roman magnifique sur nos racines naturelles, notre désir de conformité et nos rapports à autrui.
C’est une mythologie du métro que nous propose Sébastien Ortiz avec « Châtelet – Lilas » paru chez Gallimard. A travers le récit d’un conducteur de métro, tombé dans le métier après un parcours littéraire, l’auteur décrit les douze stations qui séparent Châtelet de Lilas à la manière des douze travaux d’Hercule. Cette vie souterraine est, au propre comme au figuré, une descente aux Enfers. Le héros y a acquis le pouvoir de voir et d’entendre à distance, tel un prophète. Mais sera-t-il cru ? La formule que Dante place à l’entrée de son premier cercle : « toi qui entres ici, abandonne toute espérance » résonne dans sa tête. Un voyage poétique dans le métropolitain.
Les fantômes personnels sont le plus féroces et les plus douloureux. C’est ce que doit penser Robin, le héros du roman que signe Diane Peylin aux éditions Héloïse d’Ormesson, intitulé « Le Bal ». En rémission contre son cancer, il rejoint sa femme, sa fille et sa mère dans leur maison familiale, situé dans le sud-est. Par le jeu des souvenirs, il tente de se réapproprier son corps meurtri par le traitement. Sur ce parcours, il rencontre les présences invisibles qui les ont éloignés les uns des autres. Dans le miroir, il se voit vieilli, et croit reconnaitre ce père extravagant qui n’a pas su le préparer à la vie. Un roman dont l’écriture est axée sur les sens et la nature.
Pour s’évader du mouroir de l’Ephad, Amandine invente pour ses compagnons d’infortune, un monde imaginaire. Chaque soir, elle devient Amanda et les entraine avec elle au Brésil où elle a passé une enfance imaginaire. C’est le thème de « Par la fenêtre » , le roman que Nicole Giroud publie aux Escales. Cette vie rêvée est beaucoup plus belle que ce qu’a vécu réellement Amandine. Et si cette évasion devenait réalité ?
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 28 mai 2021. Article suivant
Dédicace à l’Espace Culturel Leclerc de Sarlat, le 12 juin 2021.