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by • 7 mai 2021 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais des 7 et 14 mai 2021.1004

Essor Sarladais des 7 et 14 mai 2021.

Courts romans.

Le Tour des Livres.

  Quatre romans de 120 à 220 pages pour cette semaine (mieux vaux la qualité que la quantité). Bien connu des auditeurs de France Culture pour son émission littéraire « La compagnie des œuvres », Matthieu Garrigou-Lagrange nous propose « Le Brutaliste »aux éditions de l’Olivier. On appelle Brutalisme une école architecturale qui use de matériaux bruts et ne dissimule rien des infrastructures. Un de ses plus célèbres représentants, un architecte portugais que l’auteur ne désigne que sous le nom de Brutaliste, a complètement disparu des radars après un scandale sexuel. L’auteur, dans un style réaliste qui n’est pas sans évoquer celui de Maylis de Kérangal, raconte, à travers sa propre expérience de vie à Lisbonne, l’ascension, puis la chute spectaculaire de cet homme issu d’un milieu populaire. Un parallèle est fait entre cet art instinctif, et la vie sexuelle instinctive qui va le caractériser. Le narrateur fait montre à la fois d’une attirance et d’une répulsion pour cet architecte abandonné de tous ; son livre est aussi un hymne d’amour pour la ville de Lisbonne.

Chez Sabine-Wespieser, Jean Mattern nous offre une petite merveille de style avec « Suite en do mineur ». A l’occasion d’un voyage à Jérusalem, où il ne trouve nul plaisir, le narrateur, un vieux libraire solitaire et aigri, croit reconnaitre celle qu’il a aimée pendant trois semaines, et qui l’a quitté subitement. Pendant vingt-six ans, il n’a fait que se lamenter sur le souvenir de Madeleine, refusant de vivre. Il a fui Paris où il étudiait, pour se cacher à Bar-sur-Aube, où vit son frère. Seule la musique, qu’il pratique en amateur mais apprécie en expert, lui a rendu un peu de joie. On appréciera le clin d’œil à La-Chapelle-Saint-Robert, entre Corrèze et Dordogne, où un concert le révèle à lui-même, et sa description de Jérusalem, avec l’insupportable omniprésence de la religion. Un beau monologue sur la perte, entre allégresse et chagrin.

Les éditions-ateliers Henri Daugier ont lancé une nouvelle collection « Le roman d’un chef d’œuvre », où l’auteur doit imaginer une fiction d’après un tableau. Catherine Guennec nous invite à visiter le plus célèbre des peintres américains avec « Les heures suspendues selon Hopper ». En juillet 1939, Edward Hopper, taiseux et misanthrope, peint « Cap Cod evening », un homme, une femme et un chien, devant une demeure élégante mais un peu à l’abandon, évoquent la beauté triste des années perdues d’avant la crise économique de 1929. L’auteure donne la parole à Joséphine Hopper, la fidèle épouse de celui que l’on surnomme « le peintre du silence », celui qui met en évidence « le sentiment banal de l’étrange ».

Dans « Cent vingt francs », paru chez Gallimard, Xavier Le Clerc raconte l’histoire de son arrière-grand-père, un kabyle mort à Verdun en 1917. C’est pour nourrir sa famille que Saïd s’est engagé dans l’armée. Deux-cents francs à l’engagement, cinquante centimes par jour, et, en cas de malheur, cent-vingt francs de prime de veuvage. C’est tout ce que vaut la vie d’un homme. Dans les tranchés, il se bat courageusement, il ‘fait son travail’, mais, dans sa tête, il est déjà mort.

                                                                            Jean-Luc  Aubarbier.

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