Les petits papiers de Marie-Lou.
Le Tour des Livres.
Romancière vivant en bordure du Périgord Vert, Corinne Javelaud a choisi comme cadre pour « Les petits papiers de Marie-Lou », paru chez Calmann-Lévy, le Bordeaux des années 70, une ville que n’a pas encore remodelée Alain Juppé. Prés des Chartrons, les grues du port de la Lune vident et remplissent les bateaux. Marie-Lou, charmante trentenaire, y vit avec sa fille Dora, et sa mère, Luce. Elle mène une existence insouciante, travaille comme serveuse et ne quitterait pour rien au monde ce quartier de l’aristocratie des marchands bordelais. Elle ne veut surtout pas s’embourber dans les histoires de famille dont sa mère souhaiterait lui parler. Luce a perdu son mari et son beau-frère, des résistants tués par les Allemands à Saint-Emilion. Jusqu’au jour où Marie-Lou achète pour Dora une poupée ancienne qui semble dotée de pouvoirs maléfiques. Des petits papiers apparaissent dans la maison, dénonçant une escroquerie dont aurait été victime la famille Beltran. A Saint-Emilion, Marie-Lou souffre d’un accident imprévu et rencontre Virgile, un marchand d’art séduisant mais étrange. Avec un style agréable et ciselé, le roman nous propose de démêler les fils d’une intrigue familiale, tout en dégustant un bon repas arrosé d’un grand cru, cuisiné par Marie-Lou Beltran, une fille que j’aurais pu croiser lorsque j’étais étudiant, dans le quartier.
Chez le même éditeur, la Bordelaise Agathe Portail situe en Périgord l’action de son second roman « Piqûres de rappel ». On y retrouve le gendarme Dambérailh, déjà rencontré dans « L’année du gel ». Il vient enquêter sur la mort mystérieuse d’un apiculteur. A Montraguil (l’auteur dit s’être inspirée de Villeréal, en Lot-et-Garonne), une châtaigneraie mise en vente par un monastère échauffe les esprits. Les exploitants d’un parc photovoltaïque et deux apiculteurs, Pascal et Hugo, s’en disputent la propriété. Hugo est tué par ses abeilles, mais il ne s’agit pas d’un accident. Un vrai polar à vocation régionale.
Aux Presses de la Cité, Martine Delomme, bordelaise vivant en Périgord, nous propose, avec « L’impossible pardon », une enquête sur un trafic de vin dans la région de Montauban. Abandonnée par Fabien, alors qu’elle est enceinte, Marion s’est investie dans son métier de journaliste. Lorsque sa route croise à nouveau celle du père de son enfant, viticulteur en Italie, elle vient de mettre au jour une affaire de vin frelaté qui l’expose à de nombreux dangers. Cette situation périlleuse va la rapprocher de son ancien fiancé.
Le Breton Joël Raguénès publie, chez Calmann-Lévy, « Les derniers seigneurs de la mer », un roman d’amitié virile comme on ne sait plus en faire. Nés tous les deux pendant la guerre, en Bretagne, Adrien et Jacques dédient leur vie à la mer. Adrien est patron de pêche et il embarque Jacques pour une campagne dans les eaux sénégalaises. Puis Jacques devient à son tour capitaine. La servitude en mer et les risques du métier vont dériver jusqu’au drame.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 26 février 2021. Article suivant
Essor Sarladais du 12 mars 2021.