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by • 11 septembre 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 7 septembre 2018.1630

ESSOR SARLADAIS du 7 septembre 2018.

 

 

 

LE RETOUR DU SALAUD.

Le Tour des Livres.

 

Il est revenu ! Par la plume et le talent de son créateur Romain Slocombe, l’ignoble inspecteur Sadorski est de retour pour un troisième opus, édité par Robert Laffont, et intitulé « Sadorski et l’ange du péché ». Disons le tout net, Sadorski penche nettement du coté du péché. Brutal, malhonnête, antisémite, il exerce avec délectation son métier de policier au sein des Renseignements Généraux chargés en particulier de traquer les Juifs. Nous sommes en 1943, le port de l’étoile jaune est obligatoire et le policier s’en donne à cœur joie. Pourtant Léon Sadorski a une faiblesse : les femmes, surtout si elles sont jolies et s’il peut en abuser. Certaines femmes juives sont si belles qu’il ne peut s’empêcher de les protéger. Pour elles, il va même tuer. Pour que l’on ne découvre pas Julie, la jeune lycéenne qu’il cache chez lui, il va éliminer un officier nazi (mais aussi un résistant). Quand une bourgeoise jalouse lui demande de faire déporter Hortense, une actrice qui joue dans « les anges du péché », premier film de Robert Bresson, parce qu’elle est la maitresse de son mari, il exécute la vieille sans hésiter. Comment tout cela va-t-il finir ? Jusqu’où Romain Slocombe va-t-il pouvoir nous emmener, nous faire marcher aux cotés de cette brute aussi dénuée d’idéologie que de scrupule, ce ‘cousin’ franchouillard de Bernie Gunther, le héros du regretté Philip Kerr ? Je l’imagine s’en sortir en obtenant un brevet de résistant de dernière minute ; il en est bien capable.

On ne quitte pas la seconde guerre mondiale avec « Que va-t-on faire de Knut Hamsun ? » de Christine Barthe, paru chez le même éditeur. La guerre est terminée depuis peu et il est l’heure de demander des comptes. Le grand écrivain Knut Hamsun, prix Nobel de littérature, a proclamé haut et fort son attachement à l’Allemagne hitlérienne et à la politique de collaboration de la Norvège. Il a même envoyé la médaille de son prix à Goebbels. Sa femme et ses fils sont en prison. Est-il un traitre, doit-il être jugé ? Personne ne le souhaite, car l’opprobre tomberait sur le pays. Alors on l’enferme dans un hôpital psychiatrique en attendant de statuer sur son sort. Il se défend comme un beau diable : il n’est pas un nazi, mais un passéiste, un admirateur de la nature. En collaborant, il pensait préserver son pays de l’URSS et du Royaume Uni. C’est une sorte de Céline sans l’antisémitisme, qui proclamerait que ce sont les nazis qui l’ont rejoint et non le contraire. Le génie est-il une excuse à l’ignominie ? Knut Hamsun mourra en 1952, dans un oubli certain.

Premier roman d’un tout jeune écrivain, Paul Béhergé, « Les nougats », édité chez Buchet-Chastel, est une œuvre burlesque et déconcertante. Surdoué et naïf, Paul Montès est un génie maladroit. Il considère Olivier Labrousse comme son meilleur ami. Mais Olivier n’est qu’une brute avide de reconnaissance et de succès facile. Il parvient à dépouiller Paul de son génie, s’attribue ses créations, en tire gloire et, désormais, le fuit comme la peste. Paul, que la malhonnêteté d’Olivier n’a pas guéri de sa naïveté, veut absolument se réconcilier avec lui, comme si tout était de sa faute. Une audacieuse relecture de l’amitié entre Platon et Socrate.

C’est dans l’industrie du diamant, à la fin du XIX° siècle, à Saint-Claude, que nous conduit Jean-François Bazin avec « Le Maître de la Lumière », paru chez Calmann-Lévy. Saint-Claude, dans le Jura, ne fabrique pas que des pipes ; c’est aussi le seul lieu de France où l’on taille le diamant. Ulysse Vuillard passe d’un métier à l’autre, et se révèle doué. Accompagné de son épouse, Julie de Belleroche, dont il est toujours éperdument amoureux, il gagne Londres, capitale du monde à cette époque, avec l’intention de créer le plus beau diamant du monde. Au risque de perdre celle qui vaut plus que tous les diamants.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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