Le Périgord de Colombe Schneck.
Le Tour des Livres.
C’est un magnifique témoignage que nous livre Colombe Schneck avec « Les guerres de mon père » paru chez Stock. Trente ans après la mort de son père, la romancière s’interroge, et interroge les témoins, sur l’homme qu’il a été, cet être généreux et souriant. Derrière cet aspect lisse, ce culte de la vitalité que Gilbert Schneck a toujours montré, elle dévoile les années d’enfance, celle de la guerre. Une famille juive qui fuit l’Europe de l’est et ses pogroms, après 1918, pour s’installer à Strasbourg. Puis l’évacuation de l’Alsace en 1939, pour rejoindre le Périgord où ils passeront la guerre à se cacher. Colombe enquête aux archives à Périgueux, rencontre les historiens qui ont travaillé sur le sujet et des témoins, remonte des pistes, visite des maisons où, enfant, son père a pu être heureux. Il partira ensuite en Haute-Garonne où il apprendra à pêcher les truites à la main. Max, le père de Gilbert, qui a divorcé de sa mère en 1942, sera assassiné en 1949 dans des circonstances louches ; son nom est dans tous les journaux. Colombe comprend que le sentiment qui a suivi son père toute sa vie est la honte. Honte d’être un enfant caché, honte de ce père dont la renommée est jetée aux chiens, honte enfin d’être ce médecin de l’armée française en Algérie, qui doit soigner les torturés. Un livre poignant et profond, où le Mal rode derrière la mauvaise conscience. « Que faisons-nous pour les réfugiés syriens ?» lui dit son oncle quand elle lui demande pourquoi plus de gens n’ont pas aidé les Juifs. Colombe Schneck sera l’invitée d’honneur du salon du livre de Lalinde, les 25 et 26 août.
Le thème de la rédemption hante les pages de ce beau roman historique « Lettre à une jeune morte », du aux talents de Roger Bichelbeger, et paru chez Albin Michel. Au retour d’un pèlerinage à Jérusalem, en 1040, Foulques, comte d’Anjou, sentant sa fin prochaine, dicte ses mémoires à un jeune scribe. Il s’adresse en fait à sa première épouse, Lisbeth, morte 40 ans plus tôt dans l’incendie de leur château. Ce preux chevalier a passé une partie de sa vie à guerroyer contre le comte de Blois, puis une autre partie à chercher en vain le pardon pour ses nombreux crimes. Il sent obscurément que seul sa défunte épouse pourra lui accorder le pardon qui justifierait son salut. Le portrait d’un homme du moyen-âge, porté par ses passions et la violence qui l’habite.
C’est l’histoire d’une rencontre étrange que nous narre Hedwige Jeanmart avec « Les oiseaux sans tête », paru chez Gallimard. Blanche est obsédée par une relation qu’elle a eue avec Daniel, un meurtrier récidiviste. Non pas qu’elle ait été amoureuse ; elle l’a quitté sans un adieu, sans le désir de le revoir. Mais il a laissé une trace en elle, peut-être la seule trace de sa vie insignifiante. Car cet auteur de crimes sans mobiles, dont elle remonte la piste à-posteriori, se révèle un être dénué du moindre intérêt.
C’est un thriller à quatre mains que nous livrent l’américaine Natalie Carter et le français Nicolas d’Estienne d’Orves. Paru chez XO, « Le Silence et la fureur » se déroule près d’un lac dans l’Ontario. Max King, célèbre pianiste, y vit en reclus, prisonnier de ses cauchemars. Dix ans auparavant, un drame l’a condamné au silence le plus absolu ; la musique est devenue son bourreau. Sa femme et son fils l’ont quitté. Le retour de ce dernier, Luke, résonnera comme un cataclysme, et du silence jaillira la fureur.
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS du 30 mars 2018. Article suivant
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