Marlène à la sauce américaine.
Le Tour des Livres.
Il y a dans la ‘marque de fabrique’ de Philippe Djian, quelque chose qui le rapproche des auteurs et des cinéastes américains. Publié chez Gallimard, « Marlène », son dernier roman, fait partie de cette série. Dan et Richard sont deux vétérans d’Afghanistan et d’Irak. Ce pourrait être des GI’s, mais ce sont des soldats français. Après avoir vécu l’enfer de la guerre, ils ont du mal à se réinsérer dans la société civile. Pourquoi ce thème, cent fois rebattu à Hollywood, n’inspire-t-il jamais les réalisateurs français ? Comme si le problème n’existait pas chez nous…. mais, silence radio. Dan, solitaire et sans responsabilité, s’en sort à peu prés bien en s’imposant une hygiène de vie. Pour Richard, marié à Nath et père de Mona, tout va de mal en pis : trafic de drogue, violence, alcoolisme. « L’homme que l’armée lui avait rendu n’était pas celui qu’elle avait connu » pense Nath. D’ailleurs quand le roman commence, il est en prison. Pendant sa détention, Dan veille sur sa petite famille, chasse l’amant encombrant de Nath, tance Mona qui est tombée amoureuse de lui. A peine Richard a-t-il regagné son foyer que Marlène, la sœur de Nath, annonce qu’elle vient vivre avec eux. Marlène, c’est une miss Catastrophe, un chat noir. Il lui arrive tous les malheurs du monde, elle rate tout ce qu’elle entreprend et, en plus, elle est enceinte. Le mélange va s’avérer détonnant.
C’est dans la douceur du bassin d’Arcachon qu’Anne Grandchamp situe son premier roman « Les enfants de la villa Eugénie », édité chez City. Au milieu du XIXe siècle, Charles Delpech, directeur d’une usine de poisson à Bordeaux, comprend que l’avenir de sa famille se situe sur le bassin d’Arcachon où se développe le premier tourisme. La ‘petite mer’ est encore un lieu quasiment désert, peuplée de pécheurs. Il fait bâtir une splendide villa à laquelle il donne le nom de sa fille : Eugénie. Arcachon devient une ville-phare de la Belle Epoque, où se retrouvent les célébrités, mais la famille Delpech doit faire face à plusieurs scandales. A cause des infidélités de Charles et des secrets trop bien cachés, Eugénie se retrouve enceinte de son demi-frère. Elle doit quitter l’endroit le plus cher à son cœur. Quand elle pourra regagner le Bassin, elle devra se battre contre vents et marées pour conserver les siens dans cette propriété devenue le symbole de l’histoire familiale.
Chez Jean-Claude Lattès, Michèle Barrière poursuit la série des romans historiques et culinaires ayant pour héros le maître d’hôtel de François Ier, avec « A la table du sultan ». En 1547, le souverain français a établi de fortes relations avec l’empereur de Turquie. Pierre, le fils de Quentin, qui travaille auprès de l’ambassadeur de France à Constantinople, est emprisonné pour s’être amouraché de la fille d’un vizir. Quentin vient plaider sa cause auprès de Soliman le Magnifique, avec un argument de poids : la dinde, nouvellement arrivée d’Amérique et encore inconnue en Orient. Un thriller gastronomique dès plus délicieux.
Yves Viollier brosse un beau destin avec « Le marié de la Saint-Jean », aux Presses de la Cité. En 1977, pendant les trois jours qui précèdent son mariage, Zhida, jeune Sino-cambodgien, se remémore son histoire et celle de sa famille. Pensait-il qu’il pourrait devenir un jour médecin, ce petit garçon arraché aux siens et qui se retrouve pensionnaire à Romilly, sans connaitre personne ? Entre Phnom Penh et la France, un pont de souvenirs s’est construit. Son père et son oncle, qui ont pu échapper à la barbarie des Khmers rouges, seront bien là pour la fête, mais pas sa mère, disparue dans l’enfer de la politique de Pol Pot. Son avenir, il devra le construire avec la belle Gabrielle, celle qu’il a rencontré au lycée et qu’il va épouser.
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS du 28 avril 2017. Article suivant
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