JIM HARRISON EST TOUJOURS VIVANT.
Le Tour des Livres.
La disparition brutale de Jim Harrison, il y a quelques mois, nous prive d’un des plus grands auteurs américains. Reste ses œuvres qui survivront au temps. Il est l’heure de relire son chef d’œuvre, « Dalva » qui vient de paraitre chez 10/18. La vie de Dalva, la narratrice, est placée sous le signe de la disparition : son père, porté disparu en Corée, Duane, son amour, un être étrange, à moitié sioux, qui s’est enfuit quand il a découvert le terrible secret qui les unissait, et enfin le bébé qu’ils ont eu ensemble et qu’elle a du abandonner à la naissance. La vie de Dalva est une longue errance à travers les Etats-Unis, à la recherche de cet enfant. Le récit se développe sans interruption, comme une longue mélopée indienne, un chant tribal, errant comme une mémoire. Personne n’a su mieux que Jim Harrison, dire l’odeur d’une ferme, le bruit d’une forêt, le goût d’un repas. En le lisant, tout nos sens sont en éveil. Il nous parle de l’Amérique que l’on aime, celle des chevaux et des grands espaces, celle des indiens, de leurs croyances chamaniques, de leur harmonie parfaite avec la nature.
Signalons également la parution, chez Robert Laffont, en collection Bouquins, d’un ensemble de cinq œuvres de Jim Harrison, dont le célèbre « Légendes d’automne », adapté au cinéma avec Brad Pitt dans le rôle principal, et qui constitue, selon les spécialistes, un des plus beaux recueil de nouvelles jamais écrit en langue anglaise. Les éditions de la Table Ronde nous livrent le secret de Jim Harrison en publiant « L’éclipse de lune de Davenport », un recueil bilingue de poèmes. Car Jim Harrison est un grand poète, qui oserait en douter.
Jim Harrison aurait apprécié « Les animaux », deuxième roman de Christian Kiefer, lui aussi poète, publié par Albin Michel dans sa collection Terres d’Amérique. Dans le nord de l’Idaho, Bill Reed dirige un refuge pour animaux sauvages. Il recueille les bêtes blessées par l’homme, ou abimées par la dureté de leur vie. L’illégalité assumée de sa démarche cède le pas à son esprit de compassion. Il tente en fait d’oublier un passé tumultueux avec Grace, une vétérinaire qui l’aide dans sa tâche. Mais lorsque Rick, son ami d’enfance, sort de prison et cherche à se venger de lui, l’accusant de l’avoir dénoncé, son existence sombre dans le chaos. Une écriture magique, faite de force et d’harmonie, où hommes et bêtes échangent leurs sensations.
Son premier roman, « Mille femmes blanches », avait connu un succès mondial. Toujours au Cherche-Midi, Jim Fergus nous en propose une suite intitulée « La Vengeance des mères ». Le président Grant avait recruté de force mille femmes blanches pour les marier aux Cheyennes de Little Wolf, afin de faciliter l’intégration des indiens à la nation américaine. Après la quasi extermination des Cheyennes, les survivantes, parmi lesquelles deux sœurs, Margaret et Kelly, vont trouver refuge auprès des Sioux de Sitting Bull et prendre leur parti contre les Blancs. Une lutte désespérée pour la survie est entreprise.
Les éditions Folio rééditent « Les aventures d’Augie March », chef d’œuvre du prix Nobel de littérature Saul Bellow. Au moment de la Grande Dépression de 1929, Augie March quitte Chicago et sa grand-mère juive pour tenter de trouver sa place dans le vaste monde. Tous ceux qu’il croise sur sa route (un homme d’affaires, une héritière, des révolutionnaires, une célèbre actrice) lui racontent quelque chose de lui. Car ce roman d’apprentissage qui vise à la réussite, est avant tout une recherche de liberté, d’affranchissement de toutes contraintes.
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS du 24 février 2017. Article suivant
LIRE A LIMOGES 31 mars 1 et 2 avril 2017