L’AFFAIRE DE L’HOMME A L’ESCARPIN.
Le Tour des Livres.
Après « L’affaire des corps sans tête », Jean-Christophe Portes confirme, avec « L’affaire de l’homme à l’escarpin », toujours chez City éditions, qu’il est un grand de la littérature policière. A partir d’un crime qui ressemble à une banale affaire de mœurs, – un jeune homme est tué en sortant d’une réunion entre homosexuels – l’auteur nous remémore par le menu les journées de la Révolution française qui s’étendent de juillet à septembre 1791. Son héros récurrent, un lieutenant de gendarmerie qui cache sa particule sous le nom de Victor Dauterive, protégé du marquis de La Fayette, ami de cœur d’Olympe de Gouges, ne tarde pas à découvrir que la victime est liée aux partisans de Philippe d’Oléans qui enverrait bien son cousin Louis XVI à la guillotine pour monter sur le trône à sa place. Les amis de La Fayette ne jurent que par le retour du roi ; Danton et Robespierre, par sa mort. Bravant tous les dangers, Dauterive n’hésite pas à infiltrer les proches de celui qui se fait appeler « Philippe Egalité » et de son secrétaire, Choderlos de Laclos (l’auteur des « Liaisons dangereuses « ). Une belle écriture, une parfaite maitrise du sujet font de ce thriller historique une vraie réussite.
C’est dans une tout autre époque que nous entraine Michel Bernard avec « Deux remords de Claude Monet », publié à la Table Ronde. Juste avant de mourir, le peintre le plus célèbre de cette glorieuse génération demande que son tableau « Femmes au jardin » soit exposé à l’Orangerie. Sur cette toile figure deux personnes qui lui tiennent particulièrement à cœur. Son ami peintre Frédéric Bazille a été tué dans les derniers jours de la guerre contre la Prusse. Degas, Manet, Renoir, eux aussi s’étaient engagés, tandis que Monet se réfugiait à Londres avec sa famille. Et puis il y a Camille, son modèle qui deviendra son épouse bien-aimée, avec laquelle il partagera la vie de bohème avant de connaitre la consécration. Elle est morte peu après avoir donné le jour à son deuxième enfant. Une élégante et sensible reconstitution d’une époque.
C’est un texte poignant, un testament retrouvé dans un grenier périgourdin par le petit-fils de l’auteur, que les éditions Flammarion publient sous le titre « Si je survis ». Moriz Scheyer, un intellectuel juif, fuit l’Autriche de l’Anschluss en 1938 et trouve refuge à Paris, où la guerre va le rattraper. De camp en cachette, il va survivre en France jusqu’en juillet 1945 où il va cesser d’écrire. Le récit est « dans son jus », brutal, sans complaisance : les Allemands sont « des cochons », les Français « des esprits cupides et mesquins ». Il pense que personne ne s’intéressera à ce qui est arrivé aux Juifs, que l’URSS offre une planche de salut. Par deux fois, il tente de passer en Suisse et échoue ; il restera finalement en France pendant toute la guerre, où il trouvera chez certaines personnes « une quantité d’amour inestimable. » Après le camp des hébergés de Beaune-la Rolande (d’où partiront tant de convois de déportés), il sera sauvé par les religieuses d’un couvent catholique, puis par une famille communiste de Belvès, les Rispal.
Bien qu’il vive à Concarneau, en Bretagne, Firmin Le Bourhis a des attaches familiales en Périgord. Voilà pourquoi cet auteur de romans policiers nous livre son dernier opus intitulé Dernier Vol Sarlat-Dinan », aux éditions Palemon. Une mort suspecte conduit le lieutenant Phil Bozzi et le capitaine François Le Duigou dans le cadre enchanteur de la cité de Sarlat. Il s’en faut de peu que les joies gastronomiques ne perturbent l’enquête. Mais une épidémie de grippe aviaire et de nouvelles investigations vont les pousser jusqu’à Bordeaux.
JEAN-LUC AUBARBIER.
Dédicace à SARLAT de « La Vengeance de Gaïa ». Article suivant
Point de Vue Initiatique N° 182 Islam et Franc-Maçonnerie.