LES CHEMINS NOIRS DE SYLVAIN TESSON.
Le Tour des Livres.
Il a traversé la Sibérie et la Mongolie à pied, a franchi des fleuves à la nage en plein hiver, il est le plus intrépide de nos écrivains voyageurs. Mais un accident qui a failli lui couter la vie et a réduit ses capacités, a obligé Sylvain Tesson a plus de prudence. C’est en France qu’il choisit de se reconstruire par la marche, en la traversant du sud-est au nord-ouest, en suivant les petits chemins qui ne mènent nulle part, si ce n’est à soi-même. Il nous livre son aventure, bercée par son style magnifique, avec « Sur les chemins noirs », publié chez Gallimard. Son départ du col de Tende nous plonge dans la Provence de Giono, ou du moins de ce qu’il en reste. Sa quête d’une France sauvage se heurte à la modernité, mais l’Histoire et la poésie le rattrape vite. Sylvain Tesson sait voir sans analyser, user de ses sens plus que de sa tête. Il mêle humour et romantisme pour passer de la marche de l’homme fort qu’il a pratiquée, à celle de l’homme physiquement diminué, mais qui n’a rien perdu de sa curiosité. Il reconquiert les territoires comme le loup avant lui, échappe aux surveillances électroniques de notre monde artificiel. Comme Montaigne, cet autre écrivain voyageur, il ne suit aucune ligne précise, ni droite, ni courbe. Campeur par tout les temps, il réinvente l’histoire de l’humanité. « On avait taillé l’os, on modifiait l’atome. Le temps passait. »
Auteur belge néerlandophone, Pieter Aspe nous propose un élégant thriller avec « Bas les Masques », publié chez Albin Michel. Lors du carnaval de Bruges, le soir où tout est permis, la belle et libre Katja est étranglée dans son costume de gitane. Le commissaire Van Inn, et sa compagne, la juge Hannelare, mènent des investigations qui ne semblent conduire nulle part. Erwin, le compagnon de Katja, a un alibi ; Joris, son ami d’un soir, est en fuite, mais quel serait son mobile ? Pourtant, son chemin ne tarde pas à se border d’enlèvements et d’assassinats. Van Inn, le flic qui ne supporte pas la vue du sang, et ses équipiers qui souffrent d’un manque de moyens chronique, vont remonter la piste.
Chez le même éditeur, Thibaut d’Anthonay nous offre un bondissant roman historique aux parfums de Caraïbes avec « Le Baron de Belsolles ». Afin d’échapper aux services secrets de Mazarin, Hadrien de Beausoleil débarque en 1654 à La Martinique où il prend le nom de baron de Belsolles. Il fait rapidement fortune dans la canne à sucre, suscitant des jalousies. Traite des noirs, esclavage, flibuste, sorcellerie vaudou, alchimie, batailles navales et complots en tout genre se succèdent dans ce roman très vivant où l’on ne s’ennuie pas une minute.
Avec un style choc et épuré, Boris Bergmann nous entraine dans les secrets de la guerre moderne dans « Déserteur », publié chez Calmann-Lévy. Le narrateur s’est engagé dans le combat sans merci qui oppose la France au Califat. Surdoué en informatique, il est chargé de programmer les drones qui prennent les risques à la place des hommes et bombardent sans cesse les djihadistes. Mais cette guerre moderne a des effets terribles sur le moral des soldats qui se sentent inutiles et délégitimés. Une guerre sans homme, sans risque, sans mort dans les deux camps, est-elle encore une guerre pour la civilisation ?
Aux Presses de la Cité, Christian Laborie poursuit sa saga cévenole avec « Le Goût du soleil ». En 1934, le jeune Emilio quitte l’Espagne pour travailler en France. Son métier de vigneron et ses amours avec Justine, la fille de son patron, comblent sa vie. Mais quand le reporter Sébastien Rochefort lui propose de l’accompagner en tant qu’interprète pour couvrir la guerre civile en Espagne, il ne peut s’empêcher d’accepter…. Au nom des siens, de ses convictions, et de Maria, la fiancée qu’il a laissée au pays.
JEAN-LUC AUBARBIER.
Presse pour La Vengeance de Gaïa. Article suivant
Dédicace à SARLAT de « La Vengeance de Gaïa ».