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by • 31 mars 2016 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 1 avril 2016.2637

ESSOR SARLADAIS du 1 avril 2016.

 

couv les serviteurs inutilescouv le cimetière de prague

 

 

GUERRES DE RELIGIONS EN PERIGORD.

Le Tour des Livres.

 

Magistrat à Poitiers, Bernard Bonnelle nous livre, avec son troisième roman « Les Serviteurs Inutiles », publié à la Table Ronde, un ouvrage passionnant sur la violence des guerres de religions, avec le Périgord pour toile de fond. Vétéran des guerres d’Italie, Gabriel des Feuillades, seigneur du Bergeracois, tente de retrouver la paix auprès des siens. Amoureux de la nature et de la culture grecque, il philosophe, chasse ou lutine sa servante. S’il combat dans le camp catholique, il n’y met aucun fanatisme et respecte son voisin huguenot Scipion de Campromieu. Aussi se trouve-t-il fort dépité de retrouver son fils Ulysse dans les rangs des fanatiques. Son rejeton, adolescent idéaliste, supporte mal les infidélités de son père et son apparente indifférence (très stoïcienne) envers les évènements. Le roman à deux voix, qui nous présente le point de vue du père, puis celui du fils, use d’un style élégant qui n’est pas sans évoquer Robert Merle, pour nous décrire un homme du XVIe siècle, entre Montluc et Montaigne.

Umberto Eco nous laisse orphelin de son immense savoir et de son humanisme profond. Si l’on connait bien ses deux principaux romans « Le Nom de la Rose » et « Le Pendule de Foucault », il faut également parler du troisième élément de son œuvre, « Le Cimetière de Prague », disponible en Poche ou chez Grasset. Avec un style qui rappelle celui des écrivains populaires du XIXe siècle (Dumas ou Sue), il nous brosse le portrait d’un narrateur antisémite, petit-bourgeois qui traverse les préjugés de son époque. Il hait les Juifs tout en précisant qu’il n’en a jamais rencontré. Il hait tout autant les Allemands, les Francs-Maçons, les Jésuites qu’il ne connait pas mieux. Il faut dire qu’il perd un peu la tête, et se réveille parfois dans la peau d’un curieux abbé. Dans cette fin de siècle qui mêle allègrement le scientisme et l’ésotérisme, le système de la théorie du complot se met en place. A travers les œuvres (bien réelles) de l’abbé Barruel et de Léo Taxil (deux anti-maçons forcenés), le narrateur nous démontre comment tous le mal vient des Juifs, à travers les francs-maçons et les jésuites. Révolution italienne, bolchévisme, capitalisme : ils sont la cause de tout. Umberto Eco nous met en garde contre cette théorie du complot (si actuelle avec internet), car, même quand Léo Taxil avoue avoir tout inventé, personne ne le croit : plutôt croire que le diable habite dans les loges maçonniques.

Dans « Sanguinaires », paru chez Robert Laffont, Denis Parent nous raconte l’histoire d’un homme qui tait à son petit-fils le meurtre de son père. Et qui part sur les routes avec le petit garçon, pour le protéger de la malédiction  familiale. Hugo, musicien, vit en Corse avec son fils Sébastien et son petit-fils Vittoriu. Quand Sébastien est abattu devant le bar où il travaille, par des voyous qui étaient ses complices, son père renonce à le venger, selon la tradition. Emmenant Vittoriu avec lui, il part sur le continent et gagne sa vie de place en place, en jouant de la musique, à travers les Cévennes, le Quercy et les Landes. Hugo veut rendre le garçon à sa mère… mais ils sont suivis.

Avec « L’Auberge du pont de Tréboul », publié chez Calmann-Lévy, Sylvie Baron nous emmène dans le Cantal, à Tréboul, où la vie s’est arrêtée en 1934, quand les eaux d’un barrage ont noyé le hameau. Tous les 40 ans, le lac est vidé pour des travaux de maintenance ; les ruines remontent alors à la surface. A l’auberge, tenue par trois sœurs, un nouveau client est arrivé : le docteur Jarod, venu remplacer son confrère victime d’un étrange accident. C’est alors qu’une promeneuse disparait…

Au Cherche-Midi, le journaliste Erik Larson publie « Lusitania 1915 – La dernière traversée ». En mai 1915, le Lusitania, le plus luxueux paquebot du monde, quitte New York pour Liverpool. La Grande-Bretagne est en guerre, mais les règles internationales interdisent d’attaquer un navire civil. Malgré cela, à bord du sous-marin U20, le capitaine Walther Schwieger prend en chasse le lévrier des mers. Dans une dramaturgie qui n’a rien à envier à celle du Titanic, les pièces du puzzle : l’orgueil des hommes, un brouillard fortuit et un secret bien gardé, vont s’assembler pour produire un des pires désastres de l’histoire. Larson nous brosse cette histoire vraie avec un sens de l’intrigue digne des grands thrillers.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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