LA CONFESSION DE LA LIONNE.
Le Tour des Livres.
Originaire du Mozambique, Mia Couto nous livres, avec « La confession de la lionne », édité chez Métailié, un roman somptueux et magique dont l’Afrique à le secret. Dix personnes sont mortes sous les griffes des lions et l’état envoie un chasseur pour éliminer les fauves. Le roman oppose deux visions : celle d’une jeune femme, Mariamar, toute imprégnée des superstitions et de l’univers magique du chamanisme ambiant, et celle d’Arcanjo, le chasseur, un mulâtre originaire de la ville, à la culture métissée. Car les auteurs des crimes sont-ils bien des animaux ? Ou plutôt des hommes-lions inspirés par la magie ? Le rationalisme du chasseur et de l’écrivain qui l’accompagne et doit narrer ses exploits, se heurte au chamanisme qui prétend que l’on est chassé par l’animal qui vit en nous. Pour accomplir son travail, Arcanjo va devoir obtenir l’autorisation du fleuve, des bêtes et de la nature. Le roman oppose aussi le pouvoir magique des femmes à celui, plus brutal et matériel, des hommes.
Partons pour un pays beaucoup plus froid : l’Islande, avec Gudrun Eva Minervudottir et son thriller original « Le créateur », publié chez Autrement. Moderne Pygmalion, Sveinn fabrique des poupées à taille humaine, destinées à des jeux érotiques. Un soir, il recueille Loa, en panne de voiture devant sa porte. En partant, la jeune femme vole une poupée pour l’offrir à sa fille, Margret, qui souffre d’anorexie. Sveinn reçoit ensuite des messages menaçants. Il retrouve Loa, et une étrange complicité va naitre entre eux. Dans ce thriller qui n’en est pas un, Loa et Sveinn vont peu à peu entrer dans l’univers étrange et dérangé de Margret.
Les expériences de mort imminentes sont le thème central du premier thriller de Niko Tackian « Quelque part avant l’enfer », publié chez Scrineo. Après deux semaines de coma, Anna revient miraculeusement à la vie. L’occasion de prendre un nouveau départ, avec son mari et son fils. Mais, l’espace d’une seconde, au bout d’un noir tunnel, elle a vu un homme qui a promis de la tuer. Suspense, voyage époustouflant aux portes de la mort, scénario qui pourrait inspirer bien des cinéastes, ce premier roman, préfacé par Franck Thilliez, va enchanter tous les amateurs du genre.
Etrange et magnifique sont les qualificatifs que l’on peut attribuer au seizième roman de Jean-Guy Soumy, « La Promesse », publié chez Robert Laffont. A Bordeaux, à la veille de la Révolution, le royaume intente un procès à Jeanne, « accusée d’homicide contre elle-même », car le suicide est considéré comme un crime encore plus abominable que les autres. Si elle est reconnue coupable, sa mémoire doit être « éteinte et supprimée à perpétuité », son cadavre, trainé dans les rues face contre terre, puis pendu et jeté avec les immondices. Camille, son cousin, qui l’aimait profondément, se retrouve contraint d’incarner la disparue. Ainsi, pour la durée du procès, « une femme deviendrait un homme. Une morte, un vivant. Cela se peut. » Mais Camille, qui avait promis d’attendre Jeanne et en a épousé une autre, est responsable de son malheur. Un roman troublant, inspiré d’un fait historique.
Nouvelle enquête du philosophe Voltaire, sous la plume de Frédéric Lenormand, avec « Elémentaire, mon cher Voltaire », publié chez Jean-Claude Lattès. Malgré l’interdit qui pèse sur lui, Voltaire n’hésite pas un instant à voler au secours de la marquise du Châtelet, harcelée par la police. Sa servante a même été assassinée. N’hésitant pas à s’enfoncer dans les taudis des bords de Seine, aussi bien que dans les salons parisiens, Voltaire va déjouer les stratagèmes les plus odieux….. et satisfaire son égo.
Le Lotois Jean-Pierre Alaux, auteur de la série « Le sang de la vigne », nous propose chez 10/18 « La Pomme d’or de Rocamadour ». On a volé la Pomme d’or, pièce maitresse du musée d’art sacré de Rocamadour. Vénérée par les femmes, dont elle assurait, disait-on, la fertilité, cette pomme absente sème la zizanie dans la petite communauté quercynoise. Séraphin Cantarel, et son jeune assistant Théo, se plongent dans un véritable nœud de vipères pour faire triompher la vérité. Le ver du vice serait-il logé dans le fruit d’or ? Une visite du sanctuaire qui ravira les plus difficiles.
JEAN-LUC AUBARBIER.
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ALPINA avril 2015