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by • 7 décembre 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 7 décembre 2018.1505

Essor Sarladais du 7 décembre 2018.

 

 

 

L’effroyable douceur d’appartenir.

Le Tour des Livres.

 

Bien écrit, élégant, vivant, « Leurs enfants après eux », le deuxième roman de Nicolas Mathieu (éditions Actes Sud) est la divine surprise de cette rentrée littéraire. Il vient de recevoir le prestigieux prix Goncourt.  Entre 1992 et 1998, dans une petite ville de l’Est ravagée par la désindustrialisation, une bande d’adolescents tente de grandir, de s’insérer et de partir. Anthony, qui se sent « jeune à crever », trompe l’ennui de ses échecs scolaires en tentant de séduire la jolie Stéphanie, qui vient d’un milieu social plus aisé. Hacine vole la moto du père d’Anthony ; pour le punir, sa famille le renvoie au Maroc. Il en reviendra trafiquant de drogue. Tous rêvent d’un ailleurs, Paris ou l’étranger ; tous voient leurs parents, qui ont fait le même rêve, échouer, brisés par une vie sans espoir, sans futur. Il n’y a pas de révolte dans ce beau roman, tout juste des petites choses qui rendent l’existence supportable. Les familles se désunissent, mais personne ne quitte l’ancienne cité minière aux eaux polluées. Seule Stéphanie, grâce à l’école, découvre son don pour les maths et part pour le Canada. Tous les autres, happés par «l’effroyable douceur d’appartenir », resteront dans leur ville natale. Ce roman qui sait rendre le langage des jeunes sans le caricaturer figure sur les listes de tous les prix littéraires.

Stéphanie Hochet a la passion des chats (même si elle vit avec un lapin qui est une sorte de chat végétarien). Avec son « Eloge voluptueux du chat », paru chez Philippe Rey, elle nous propose une sorte de dictionnaire amoureux et littéraire du petit félin. Ce tigre miniature qui a colonisé la société des hommes (réduisant souvent ces derniers en esclavage) est l’animal préféré des poètes ; on le sait depuis Baudelaire. Mais on découvre aussi ce qu’en pensaient Colette, Céline (et son chat Bébert), Zola, Rousseau, Walt Disney, Rudyard Kipling, Churchill et beaucoup d’autres. Ce petit livre est une montagne d’érudition que tout amateur de chats se doit de posséder.

Le récit de Yann Queffélec, paru chez Calmann-Lévy, « Naissance d’un Goncourt », est beau comme un roman. L’auteur y raconte sa rencontre providentielle, alors qu’il n’a encore rien publié, avec la grande éditrice Françoise Verny. Parti de Bretagne pour faire le tour du monde en voilier, une panne de moteur l’oblige à mouiller à Belle-Île où le destin l’attend. Est-ce cela, le génie de Françoise Verny : deviner le futur écrivain rien qu’en regardant son visage ? L’accoucheuse de talents ne s’est, une nouvelle fois, pas trompée. Le prix Goncourt attendait Yann Queffélec dès son deuxième roman. Quelle aventure !

Chez le même éditeur, la catalane Hélène Legrais nous propose « Le bal des poupées ». Pour toute une génération de petites filles, aujourd’hui devenues grandes, la poupée ne pouvait être qu’une Bella, cette concurrente de la Barbie américaine, fabriquée à Perpignan. En 1969, l’usine tourne à plein régime. Dans un terrain vague, juste en face, on a pris l’habitude de jeter les ratés, les débris, des poupées ratées. C’est là que se retrouvent toute une bande d’enfants qui viennent voler ces trésors dont personne ne veut. Ils sont tous un peu décalés par rapport aux enfants du beau monde. Mais une présence mystérieuse rôde autour d’eux. Un jour, le jeune Michel disparait.

 

Jean-Luc  Aubarbier.

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