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by • 24 février 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 25 février 2022.681

Essor Sarladais du 25 février 2022.

On ne devrait jamais quitter Montauban.

Le Tour des Livres.

La Périgourdine Guillemette de La Borie nous propose, avec son talent habituel, un très beau roman « Le portrait disparu », publié chez Calmann-Lévy. Apolline, orpheline de mère, mène une vie morne et recluse, à Paris, auprès de son père, Henri, qui dirige un grand cabinet d’assurances. Nous sommes en 1937 et l’arrivée dans l’immeuble cossu, d’une famille de marchand d’art, qui a fuit la Hongrie, va bouleverser son existence. Dorothée, l’ainée des enfants, va devenir sa meilleure amie. Un jeune peintre prometteur va même faire le portrait des deux adolescentes. Lorsque la guerre approche, Henri envoie Apolline et son amie Dorothée à Montauban où réside sa mère. Les deux amies se retrouvent pensionnaires de la très catholique institution Jeanne d’Arc. Elles restent insouciantes, tenues à l’écart des drames, mais Apolline voit bien que Dorothée, pourtant vive et hardie, est parfois en proie à des crises d’angoisse. Des nouveaux élèves envahissent les écoles religieuses de la ville. Ce sont des Juifs cachés avec l’approbation de monseigneur Théas, évêque de Montauban. Apolline n’a plus de nouvelles de son père, qui a rejoint la Résistance, et les parents de Dorothée ont disparu, arrêtés et déportés. Quand les Allemands envahissent Montauban, en novembre 1942, la situation de Dorothée va devenir intenable. Guillemette de La Borie n’oublie pas son Périgord : le roman commence par une vente aux enchères, dans un château périgourdin, où se trouve un certain tableau.

Chez le même éditeur, Caroline Sers (native de Tulle) situe dans un village imaginaire et isolé du Périgord, à 50 km de Libourne, son roman « Les jours suivants ». En plein hiver, les lumières s’éteignent, plus rien ne marche dans le département. Suite à cette catastrophe locale, les habitants vont devoir s’organiser. Le café associatif, seul commerce actif, devient le centre de leur monde. Pierre, néorural, tente d’organiser la survie. Résister au froid, savoir si l’eau est encore consommable (les téléphones ne marchent plus), se méfier des rodeurs, répartir les rôles. Les instincts survivalistes se mettent en place : il faut retrouver des gestes oubliés, inventer de nouveaux liens sociaux. Les héros sont des gens ordinaires,  plongés dans l’action. « Le brusque sentiment de sortir de sa routine, d’être contraint par des évènements extérieurs à ne pas exécuter les tâches habituelles mais à devoir en inventer d’autres les remplit d’une sorte de joie urgente, teintée d’angoisse. »

La confrontation entre citadins et ruraux, écologistes festifs et agriculteurs, est au cœur du roman « Campagne » que Matthieu Falcone signe chez Albin Michel. Les jeunes citadins, pétris de certitude et désireux de « sauver la terre », organisent une « grande fête participative » dans un village isolé, « tout replié sur lui-même ». Entre eux et les paysans, le choc est inévitable, le drame, annoncé. « Qui nous sauvera, nous ? » questionnent les gens de la terre. Les citadins, les idéologues, s’approprient le monde rural en modifiant les règles de vie, méprisant les coutumes ancestrales. Insondable est le désarroi des humains, et invincible, la puissance de la Nature.

C’est la renaissance, dans le Vaucluse, au lendemain de la seconde guerre mondiale, du village de La Roque-sur-Pernes que Françoise Bourdon met en scène dans son roman « Les héritières de la salamandre », paru aux Presses de la Cité. Esther, pianiste de renom, a vu sa famille disparaitre dans le conflit. Quand elle découvre le nom de sa mère, dans ce coin de Provence, elle vient redécouvrir l’histoire de ses ancêtres.

                                                                        Jean-Luc Aubarbier.

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