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by • 14 novembre 2014 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 14 novembre 2014.2858

ESSOR SARLADAIS du 14 novembre 2014.

couv pour que tu ne te perdes pas dans le quartier

PROMENADE DANS PARIS AVEC UN PRIX NOBEL.

Le Tour des Livres.

C’est à une nouvelle promenade dans Paris que nous convie Patrick Modiano (le tout nouveau et très mérité prix Nobel de littérature) avec « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier », paru chez Gallimard. L’écrivain Jean Daraganne a perdu son carnet d’adresses ; Gilles Ottolini le retrouve et lui donne rendez-vous dans un café. Ce répertoire ne comporte pourtant que des adresses obsolètes, des noms oubliés. L’un d’eux réuni les deux hommes : Guy Torstel. Jean se souvient d’un fait divers lié à ce nom, peut-être un meurtre ; par ricochet, un autre patronyme lui revient : Annie Astrand, une femme qui a beaucoup compté pour l’enfant et l’adolescent qu’il fut, celle pour qui il est devenu écrivain. C’est une véritable recherche du temps perdu qui se met en place, par association de noms, de lieux, de mots. Seule l’ombre des faits apparait, comme dans un brouillard ou un clair-obscur inquiétant. Un vrai bonheur de lecture, par un des meilleurs écrivains français.

Chez le même éditeur, Joy Sorman revisite la vieille légende pyrénéenne de Jean de l’Ours avec « La peau de l’ours ». Né de l’accouplement d’un ours et d’une femme, le narrateur raconte sa vie malheureuse. Les humains l’ont pris pour un animal, et utilisé dans un cirque et dans des combats d’animaux. Mais qui est-il vraiment ? Un roman qui explore la frontière subtile entre humanité et animalité et nous propose un regard neuf sur nous-mêmes.

Toujours chez Gallimard, Richard Millet nous fait profiter de son goût pour la musique en nous parlant de «Sibelius ». L’auteur nordique de la « valse triste » a bercé l’enfance beyrouthine de l’écrivain. Sibelius est resté muet les trente dernières années de sa vie. Richard Millet nous propose l’accompagnement spirituel d’une grande aventure artistique.

Chez Robert Laffont, André Glucksmann remet à l’honneur notre écrivain national avec « Voltaire contre-attaque ». « Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous ! » nous dit le philosophe en comparant les dérives fanatiques, religieuses et politiques, que connait le monde ; dangers auxquels l’Occident ne répond que par une indifférence molle. Pourtant Voltaire, la lumière de ce siècle qui en comptait tant, nous a proposé, avec « Candide » ou le « poème sur le désastre de Lisbonne », tous les éléments de réponses dont nous avons besoin pour mettre de l’ordre dans nos pensées…. Et sur la planète.

Chez le même éditeur, Frédéric Lenoir nous propose un conte initiatique pour petits et grands avec « Cœur de cristal ». Un prince indifférent, insensible à tous sentiments, cherche néanmoins le bonheur. Il décide de partir sur les routes du monde, à la rencontre des civilisations, pour échapper à son maléfice. La découverte du sens de la vie, passe par l’acceptation du terrible secret qui a présidé à sa naissance.

L’académicienne Dominique Bona publie, chez Grasset, un essai qui se lit comme un roman « Je suis fou de toi », sous-titré « Le grand amour de Paul Valéry ». Grand écrivain, conscience morale de la IIIe république, Paul Valéry a connu tous les honneurs. Marié et père de famille, après une vie exemplaire qui n’a connu qu’un épisode tumultueux : sa liaison avec la poétesse Catherine Pozzi, il décide de renoncer à toute vie sexuelle, afin de consacrer son énergie à la création littéraire. Mais Cupidon va frapper le cœur de cet homme de 66 ans. En 1938, il tombe éperdument amoureux de la sulfureuse Jeanne Voilier, de trente ans sa cadette. Elle est libre et volage, séduit le grand homme, puis le laisse tomber pour l’éditeur Bernard Grasset. Submergé par la passion, le vieil écrivain aime à en perdre la raison, et souffre comme un jeune homme. D’où il résulte que l’amour est bien la grande et inextinguible aventure de l’être humain.

 

JEAN-LUC AUBARBIER.

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